Les espèces marines vivant dans l’étang de Thau ne sont pas présentes toute l’année contrairement à ce que l’on pourrait penser. En effet, en fonction de la profondeur, de la salinité, des courants, de la nature des fonds, mais aussi du mode de vie des espèces et de leur exigence, ces dernières se répartissent différemment sous l’eau. Ainsi, la présence, l’abondance et la répartition de la biodiversité marine connaissent d’importants contrastes selon la saison et les époques. Quelles qu’en soient les causes, les variations dans le temps de la répartition des espèces marines montrent qu’il existe un rythme régulier sous forme de cycle. Ces cycles se manifestent notamment en fonction des saisons.
Selon les saisons, certaines espèces sont présentes ou absentes, abondantes ou rares dans l’étang. Ainsi un tiers des espèces de poissons sont sédentaires. Ces poissons y réalisent tous leurs besoins biologiques : alimentation, croissance, reproduction. Les deux tiers restants sont des espèces dites saisonnières. Absentes l’hiver, les loups ou encore les muges entrent dans l’étang en février et n’en ressortent qu’à l’automne.
D’autres exemples de ces cycles saisonniers sont fournis par les méduses qui sont très abondantes l’été lorsque les eaux sont chaudes. Autre exemple avec la daurade, prédateur principal des coquillages de mer. Elle est présente dans les eaux chaudes de l’étang de Thau pendant la période estivale et attend que les eaux se refroidissent pour migrer. Ainsi, au cours de l’été, nos amis les conchyliculteurs sont forcés de positionner des filets autour des parcs à huîtres pour empêcher les daurades de les manger.
Au sein de l’étang, il existe une biodiversité extraordinaire plaçant ainsi la lagune au premier rang de la biodiversité à l’échelle du bassin méditerranéen.

Entre autres, l’étang abrite deux espèces de zostères : la zostère naine et la zostère marine. Ces plantes sous-marines comparables à de véritables prairies recouvrent un tiers de la surface de la lagune, soit 2 400 ha. Il s’agit d’un des herbiers les plus vastes d’Europe. Comme pour la Posidonie, ces herbiers constituent une nurserie pour de nombreuses espèces de poissons qui viennent pondre dans la végétation.
Ainsi, les poissons, les mollusques et les autres crustacés trouvent des zones exceptionnelles de nourriture et de refuge. Parmi ces espèces, l’on retrouve notamment le blennie paon, le spirographe ou encore les limaces de mer.

Pour finir, la lagune est l’endroit d’Europe où il y a le plus d’hippocampes regroupés. L’hippocampe moucheté ne ressemble à aucun autre et est ainsi devenu l’emblème du bassin, une espèce unique, qu’on ne rencontre nulle part ailleurs.

Une autre particularité de l’étang est son taux de salinité variable en fonction de la saison. En effet, l’eau de l’étang est parfois plus salée que la mer Méditerranée. Les communications avec la mer, la forte évaporation, la faible arrivée d’eau douce expliquent ces fortes concentrations. En fait, l’étang est plus salé que la mer de juillet à janvier dû à une forte évaporation de l’eau dans la lagune et moins salé de février à juin à cause des pluies diluant ainsi l’eau.
Le bassin de Thau, préservé en raison de son écosystème fragile, a fait l’objet de nombreuses études depuis les années 70 et notamment un suivi régulier de la qualité des eaux. Les données recueillies permettent de surveiller la qualité de ce milieu réputé pour la culture des coquillages et notamment des huîtres. Le milieu fermé, riche en nutriments et matière organique, peut provoquer lors de forte chaleur des crises locales appelées « malaïgues » et provoquer ainsi la mort des coquillages. La présence de vagues de chaleur risque d’augmenter au fil des années, à cause notamment du réchauffement climatique. Si ce phénomène devient trop régulier, nous pouvons nous interroger sur la pérennité du métier du conchyliculteur et le devenir des exploitations de l’étang de Thau.







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